Dans “La Fille de Brest“, au cinéma le 23 novembre, Emmanuelle Bercot revient sur le scandale du Mediator, à travers les yeux d’Irène Frachon. La réalisatrice livre un grand film, mêlant thriller, enquête, médecine et drame humain.
En savoir plus
“La fille de Brest” : un témoignage exceptionnel, Prescrire, 29 novembre 2016
Irène Frachon : “Avec le Mediator, j’ai déterré un charnier”, lemonde, 20.11.2016.
Emmanuelle Bercot : “Le seul moteur d’Irène Frachon, c’est les victimes”, journaldesfemmes, 16/11/16.
“La fille de Brest”, ou le combat d’Irène Frachon au cinéma, ouest-france, 08.11.2016.
La fille de Brest, “Une histoire gravée dans le marbre”, letelegramme, 05.11.2016.
“La Fille de Brest”, le Mediator à travers les yeux du docteur Frachon, lemonde, 18.09.2016.
Mediator : Emmanuelle Bercot livre “le combat d’une femme hors du commun”, lemonde, 09.09.2016.
Aujourd’hui dans Affaires Sensibles retour sur un dossier qui a défrayé la chronique en novembre 2010 : le scandale du Médiator.
Depuis la dramatique affaire du “Sang Contaminé” dans les années 90, de nombreux observateurs plaçaient la France parmi les pays les plus avancés en matière de sécurité sanitaire et en particulier de risques médicamenteux. En 2008, une étude de l’UFC Que Choisir avançait même que 82% français vouait une confiance absolue dans les médicaments prescrits par leurs médecins ou dans ceux que leur recommandent leurs pharmaciens. Autant le dire tout de suite, dans cette société idéale de la pharmacopée, personne à part certains professionnels éclairés, n’imaginait que le spectre brutal de la contamination par les médicaments allait une nouvelle fois revenir hanter l’actualité…
… Lorsqu’elle éclate, l’affaire du Médiator, laisse très vite peu de doute sur sa nature. Elle n’est pas qu’un simple dossier où l’avidité des fabricants de médicaments l’a emporté sur les intérêts en matière de santé publique. Non, elle est au contraire le symptôme d’un système du médicament à la dérive depuis de trop nombreuses années. Et très vite, de révélations en révélations, la terrible vérité apparaît : la faute se révèle partagée entre le pharmacien-fabricant (Les Laboratoires Servier) accusés d’avoir menti sur la nature et la destination de son produit et par l’État (ici l’AFSSAPS, le gendarme du médicament) parce qu’il a accepté d’en maintenir le négoce alors que le mensonge était aisément démontrable et pire qu’il le savait dangereux. Avec comme conséquence : un drame sanitaire sans précédent!
Nos invitées :
la journaliste de Marianne Clotilde CADU, spécialiste des questions de santé, elle vient de sortir un passionnant ouvrage intitulé “Effets indésirables, victime des médicaments” paru aux éditions Hugo et Compagnie.
Egalement avec nous en duplex depuis les studios France Bleu à Brest, Irène Frachon, pneumologue, elle est la figure de proue du combat contre le Médiator.
La guerre des chiffres: le nombre de morts varie selon l’observateur…
Combien le médicament a-t-il causé de morts? 3? 500? 2000?
“C’est comme si, lorsqu’un navire a fait naufrage, on ne comptabilisait que les corps retrouvés échoués sur le rivage et que l’on oubliait toutes les personnes qui ont disparu en mer et qui ne seront jamais retrouvées”
Mediator, Dépakine, Vioxx, Requip… Quand les médicaments nous empoisonnent
Résumé
On ne peut plus mettre sous le tapis les risques liés aux médicaments! Ce livre lance un appel à assainir un système où autorités sanitaires et lobby pharmaceutique sont trop imbriqués.
Après le Médiator, les autorités sanitaires françaises avaient promis : “Plus jamais ça !”. Plus jamais de victimes par milliers, plus jamais de vies brisées.
Cette enquête inédite prouve que la promesse n’a pas été tenue : non seulement l’État n’a pas les moyens de défendre les patients face à la puissance économique des big-pharmas, mais on découvre également que des études scientifiques sont biaisées et des experts épinglés pour leurs conflits d’intérêt manifestes avec les laboratoires.
Conséquence : des hommes, des femmes, des enfants souffrent d’avoir été intoxiqués sans le savoir et luttent pour faire reconnaître leur pathologie par la justice. À l’image de la Dépakine, de nouveaux scandales menacent d’éclater (vous trouverez la liste des médicaments placés sous surveillance renforcée par l’Agence française du médicament – ansm – à la fin de cet ouvrage).
À travers les témoignages de victimes et l’enquête rigoureuse des auteurs auprès des grands laboratoires et des institutions chargées de surveiller les essais thérapeutiques, découvrez les dessous d’un système qui, s’il permet indiscutablement de sauver des millions de vies, condamne néanmoins à un calvaire quotidien plusieurs milliers de patients chaque année.
Mars 2016, livre de Antoine BEGUIN, Jean-Christophe BRISARD et Irène FRACHON.
Irène Frachon, qui avait révélé le scandale du Médiator est coauteure de “Effets secondaires, le scandale français”
” Il ne s’agit pas de taper sur la pharmacovigilance, bien au contraire, il faut la développer, la promouvoir, en faire une filière universitaire attractive, qui forme des experts indépendants, la doter des moyens de faire des études pharmaco-épidémiologiques, éduquer le grand public.
Parallèlement à cela, il faut surtout prendre en charge les victimes du médicament : on ne peut pas les laisser patauger dans le fossé et se débattre comme on voit se débattre les victimes du Médiator®, de la Dépakine ou du Distilbène®, pots de terre contre pots de fer, dans des procédures épouvantables.
Il faut qu’on assume de parler des risques et il faut qu’on assume les risques lorsqu’ils se réalisent. Aujourd’hui, leur parcours est un vrai scandale : les grands labos confient ces affaires à quelques cabinets d’avocats bien rodés qui sont impitoyables. On ne peut pas tolérer que notre système de santé leur livre ainsi les gueules cassées du médicament pour qu’elles se fassent écraser et enterrer vivantes. C’est inacceptable ! “.
Lisez l’interview complet du Docteur Irène Frachon – On ne peut plus mettre sous le tapis les risques liés aux médicaments!, 07 avril 2016.
Mediator: des médecins dénoncent les liens d’intérêt avec Servier
30 médecins, philosophes et personnalités engagées, rappellent au laboratoire SERVIER et à la profession médicale leurs obligations légales et morales. Comme @DES_Journal (N°113), signez la pétition!
“ Nous, signataires de ce manifeste, exhortons les professionnels de santé à reconsidérer leurs liens avec le groupe pharmaceutique SERVIER, laboratoire mis en examen pour des comportements d’une extrême gravité à l’origine de milliers de maladies cardiaques graves et de décès.
Début 2014, le procureur de Paris annonçait la fin de l’enquête pénale menée par les juges d’instruction du Pôle Santé de Paris depuis le retrait du Mediator fin 2009. L’enquête et notamment le rapport d’expertise pénal confirmaient le dramatique bilan humain ainsi que l’existence d’éléments graves justifiant des mises en examen de l’entreprise SERVIER pour « tromperie aggravée avec mise en danger de l’homme”, “escroquerie”, “homicides et blessures involontaires”, “trafic d’influence et prise illégale d’intérêts”.
Plutôt que de faire amende honorable, le laboratoire SERVIER poursuit depuis plusieurs années une guérilla judiciaire pour retarder à la fois le procès pénal et surtout l’indemnisation des victimes au civil. Trahissant ses engagements publics de réparation, il conteste sans relâche chaque étape du processus d’indemnisation jusqu’à contraindre récemment l’Etat (via l’Oniam*) à se substituer à lui et à indemniser des victimes avec des fonds publics !
Alors que l’état de santé de nombreuses victimes ne cesse de se dégrader, le laboratoire SERVIER pousse nombre d’entre elles au désespoir et à la conviction « qu’en fait, SERVIER attend leur mort ». Cette attitude est contraire à l’éthique scientifique et pharmaceutique.
Dans ces conditions, les signataires de ce manifeste déplorent que le laboratoire SERVIER reste un sponsor favorablement accueilli par une partie de la communauté médicale, certaines sociétés savantes et de nombreux leaders d’opinion médicaux.
Ils appellent solennellement les médecins, soignants et leurs instances représentatives à réévaluer la pertinence des liens les unissant au laboratoire Servier, et à vérifier si ces partenariats sont compatibles avec les principes fondamentaux de la déontologie médicale. ”
Quelques mots d’Irène Frachon sur le livre sous-titre censuré…
Une censure du sous-titre. Une censure du livre. Dont la couverture doit être modifiée sous astreinte de 50 euros par exemplaire distribué…
“Le 25 novembre 2009, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé – Afssaps – annonce la suspension de l’autorisation de mise sur le marché d’un médicament. Il s’agit du Mediator, commercialisé depuis plus de trente ans par le laboratoire Servier, alors consommé quotidiennement par près de 300 000 Français. Cette décision fait suite à la révélation d’une toxicité grave directement liée au médicament : une atteinte des valves du coeur, aux conséquences parfois mortelles. Les premiers éléments laissant suspecter la possibilité d’une telle toxicité remontent à 1997, date à laquelle un médicament proche et commercialisé par le même laboratoire, le coupe-faim Isoméride, est interdit pour les mêmes raisons. Médecin, j’ai été pendant vingt ans témoin puis acteur de cet épisode dramatique. La transparence est une condition de la qualité de la politique de santé des populations. C’est pourquoi je témoigne dans ce livre de ce que j’ai vécu, de la manière la plus factuelle possible. Mon objectif est de permettre à chacun de comprendre comment sont prises certaines décisions de santé publique en France et de contribuer ainsi au débat public, constitutif de l’exercice de la démocratie“. Irène Frachon.
Rencontre avec Irène Frachon, qui a publié son récit Mediator 150 mg, sous-titre censuré, chez editions-dialogues, où elle raconte comment elle a fait interdire ce médicament à la vente en France. Réalisation : Ronan Loup.
En savoir plus
Irène Frachon : «Je crois aux mouvements de contre-lobby», lemonde, 15.06.2015.
Mediator 150 mg, Quelques mots sur le livre, editions-dialogues, 20 février 2013.
2013: Sophie Bonnet enquête sur les laboratoires pharmaceutiques
Les laboratoires pharmaceutiques sont habituellement fermés aux médias. L’équipe de journalistes du magazine de France 2 est parvenue à pénétrer cette industrie, souvent décrite comme l’un des plus puissants lobbys au monde. Documentaire de Sophie Bonnet diffusé le 22 février 2013 sur France 2.
Plus d’information
Laboratoires pharmaceutiques : un lobby en pleine santé, UnAirNeuf, 19/02/2013.