Des LeauKaTerres, jeunes engagés, apportent leur soutien au maire anti-pesticides de Langoüet

Des ados parcourent 211 km à vélo pour aller soutenir l’arrêté de Daniel Cueff contre les pesticides près des habitations

“Leur association s’appelle “les leaukaterre“, autrement dit locataires de la terre, un jeu de mot qui dit tout. Cinq de ces jeunes de Riec-sur-Belon sont partis vendredi 16 août d’Hennebont dans le Morbihan pour rencontrer Daniel Cueff, maire de Langouët, qui s’oppose à l’utilisation des pesticides.”

Référence.

Vidéo publiée le 16 août 2019 par France 3 Bretagne.

  • Soutenez le maire de Langouët sur agirpourlenvironnement, sur change. ou sur mes opinions.
  • Pesticides. En Ille-et-Vilaine, le maire de Langouët tient tête à la préfète de Bretagne, ouest-france, 25/06/2019. Lire la réponse du maire.
  • Daniel Cueff, le maire breton qui invente le village de l’après-pétrole, Le Monde, 19 juin 2019.
  • Arrêté contre les pesticides en Bretagne. C’est le tribunal administratif qui devra trancher, ouest-france, 11/06/2019.
  • Bretagne. La préfecture demande au maire de Langouët de retirer son arrêté contre les pesticides, ouest-france, 11/06/2019.
  • Pesticides à Langouët : un arrêté discutable mais une opportunité, selon la Conf’paysanne, ouest-france, 04/06/2019.
  • Langouët, village breton 100 % écolo, veut interdire les pesticides, ouest-france, 23/05/2019.
  • Ille-et-Vilaine. Le maire de Langouët interdit les pesticides près des habitations, ouest-france, 18/05/2019.

Soutenez Daniel Cueff, maire courageux, contre les pesticides à proximité des habitations

Paradoxalement, un maire a pris un risque juridique en protégeant ses administrés

“Ne doutez jamais qu’un petit groupe de personnes peuvent changer le monde. En fait, c’est toujours ainsi que le monde a changé.”

~Margaret Mead~

Le 18 mai dernier, Daniel Cueff, maire de Langouët en Bretagne a signé un arrêté interdisant l’épandage de pesticides “à une distance inférieure à 150 m de toute parcelle cadastrale comprenant un bâtiment à usage d’habitation ou professionnel“. Un mois plus tard, la préfecture de Bretagne a fait savoir qu’elle souhaitait casser cette décision.
Vidéo publiée le 08.08.2019 par agir pour l’environnement.

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  • Daniel Cueff, le maire breton qui invente le village de l’après-pétrole, Le Monde, 19 juin 2019.
  • Arrêté contre les pesticides en Bretagne. C’est le tribunal administratif qui devra trancher, ouest-france, 11/06/2019.
  • Bretagne. La préfecture demande au maire de Langouët de retirer son arrêté contre les pesticides, ouest-france, 11/06/2019.
  • Pesticides à Langouët : un arrêté discutable mais une opportunité, selon la Conf’paysanne, ouest-france, 04/06/2019.
  • Langouët, village breton 100 % écolo, veut interdire les pesticides, ouest-france, 23/05/2019.
  • Ille-et-Vilaine. Le maire de Langouët interdit les pesticides près des habitations, ouest-france, 18/05/2019.

Comment un géant pharmaceutique a saboté le combat pour un traitement anti-cancéreux abordable

Novartis contre la Colombie ; la guerre du prix du Glivec – 2015-2019

En Colombie, le prix d’un médicament anti-leucémique est devenu trop élevé pour le budget de la santé publique. En 2015, le gouvernement décide donc d’émettre une déclaration d’intérêt public pour le Glivec, privant ainsi le géant pharmaceutique Novartis de son monopole de production, dans un espoir de faire baisser le prix du médicament en faisant jouer la concurrence. Mais Novartis, craignant de voir sa poule aux œufs d’or lui échapper, menace d’attaquer la Colombie devant un tribunal d’arbitrage international. Si le prix du Glivec finit par baisser, les tactiques d’intimidation de Novartis ont aussi raison des velléités du gouvernement de mettre fin au monopole de Novartis. Le géant suisse parvient à éviter un fâcheux précédent, qui en faisant des émules, aurait pu entamer ses énormes bénéfices dans le monde.

Référence. Téléchargez l’affaire.

Comprendre la perturbation endocrinienne

“Émission du Labo”, enregistrée en public au Lieu Unique, Nantes, le 14 mai 2019

Les sources d’exposition sont nombreuses et difficiles à maîtriser, tout comme leurs conséquences biologiques.

Historiquement, les perturbateurs endocriniens ont commencé à attirer l’attention des chercheur·euses dès les années 1950. Mais c’est l’affaire du distilbène qui, dans les années 1970, a fait exploser le sujet sur la scène scientifique et médiatique, alors même que le terme de “perturbateur endocrinien” n’était pas encore utilisé.

Aujourd’hui, c’est un enjeu majeur de santé publique, pour nous qui sommes vivants, mais aussi pour les générations futures, celles qui n’ont pas encore vu le jour. Référence.

Le Distilbène DES, en savoir plus

Les perturbateurs endocriniens, expliqués en 90 secondes

AFP Graphics = infographics, videographics, 3D animations

Cliquez sur > pour lancer l’animation 3D

https://twitter.com/afpfr/status/1149634507479425024/

Le Distilbène DES, en savoir plus

Surdiagnostic, surtraitement et surmédicalisation

Aubaines et tourments de la surmédicalisation

Publié par Luc Perino, médecin généraliste, humeur du 07/07/2019

La position des médecins par rapport au problème de la surmédicalisation est ambiguë puisqu’ils en sont à la fois les acteurs, les bénéficiaires, et parfois, paradoxalement, les victimes.

Chercheurs, hospitaliers ou libéraux, ils sont des complices, actifs ou naïfs, de la stratégie d’extension du marché sanitaire, car elle leur est globalement profitable. Upton Sinclair a bien résumé ce fait propre à toutes les professions :

“Il est difficile de faire comprendre quelque chose à quelqu’un quand son salaire dépend précisément du fait qu’il ne la comprenne pas.”

La surmédicalisation est un fabuleux contrat de nonchalance pour le médecin :

  • actes de routine sur des patients en bonne santé,
  • simples contrôles de pathologies dites “chroniques”,
  • actions ponctuelles dans des réseaux de soins,
  • interventions faciles dans le cadre de dépistages organisés.

Bref, des actes de plus en plus courts et simples avec un investissement intellectuel et physique de moins en moins important, tout cela au même tarif. N’est-ce pas la finalité de tout commerce ?

Pourtant, nous voyons de plus en plus de médecins, particulièrement des généralistes, s’intéresser au problème de la surmédicalisation de la société. Ces praticiens souffrent de ce que le que médecin et philosophe Alain Froment nommait une “tension axiologique”. L’axiologie est l’étude des valeurs morales et éthiques.

Diminuer la morbidité est une valeur positive pour le médecin, l’augmenter est une valeur négative. La surmédicalisation, en créant de la morbidité vécue chez des citoyens qui n’avaient aucune plainte, transforme le médecin en un créateur de morbidité. Cette contradiction est la cause essentielle du malaise.

Le généraliste est le premier à constater, sur le terrain, les dégâts psychologiques du surdiagnostic des dépistages organisés ou les effets secondaires des médicaments prescrits abusivement suite aux manipulations grossières des normes biologiques. Ce spécialiste des soins primaires est aussi aux premières loges pour évaluer les conséquences sanitaires des inégalités sociales ; or cette surmédicalisation devient en elle-même un facteur de sous-médicalisation des plus défavorisés.

Tirer un bénéfice financier de cette dérive sociale est une nouvelle cause de mal être. Et si le médecin tente de sortir de cette trajectoire toute tracée, il risque de déséquilibrer dangereusement son système de valeurs, de brusquer ses patients, de contrarier certains confrères. Il prend finalement le risque d’une marginalisation.

Cette marginalisation, habilement orchestrée par le marché, devient alors un nouveau fardeau pour de nombreux confrères.

Pour un médecin, dénoncer les dérives de la surmédicalisation, c’est se tirer une balle dans le pied. Ne pas les dénoncer est parfois insupportable au point de loger cette balle dans la tête. Le suicide est une cause importante de mortalité des médecins en activité.

En Savoir Plus

Estimations nationales de l’incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine entre 1990 et 2018

Les nouveaux cas de cancer en forte hausse en France

Le rapport de l’ Institut National Du Cancer, publié juillet 2019, met en évidence une augmentation de 45 % de l’incidence chez la femme et de 6 % chez l’homme depuis 1990, abstraction faite de l’augmentation de la population et de son vieillissement. La mortalité a, elle, enregistré une baisse relative, nous rapporte Le Monde.

Conclusion

Ces estimations actualisées d’incidence et de mortalité portant sur la période 1990‑2018 bénéficient d’une révision majeure de la méthode, qui permet de publier pour la première fois en France métropolitaine des données d’incidence par sous‑type, que ce soit histologique ou topographique. Des estimations ont ainsi pu être produites selon la même méthodologie pour un total de 74 types ou sous‑types de cancers.

Ces résultats décrivent une situation plutôt encourageante chez l’homme, pour lequel on observe une diminution de l’incidence et de la mortalité pour deux des trois cancers les plus fréquents (cancer de la prostate et cancer colorectal), et une diminution de l’incidence et de la mortalité de plusieurs cancers liés à l’alcool et au tabac (lèvre, bouche, pharynx, larynx, oesophage). Ces résultats montrent en revanche une stabilité de l’incidence du cancer du poumon chez l’homme et son évolution préoccupante chez la femme. Les écarts d’incidence entre les hommes et les femmes se sont considérablement réduits depuis 1990, en relation avec l’augmentation de la consommation de tabac chez ces dernières. L’analyse des tendances par type histologique montre une hausse de l’incidence des adénocarcinomes du poumon dans les deux sexes, en lien vraisemblablement avec les modifications de composition et de structure des cigarettes apportées par l’industrie du tabac depuis plusieurs décennies.

Cette étude, contrairement à la précédente qui montrait pour le cancer du sein une baisse puis une stabilisation de l’incidence entre 2005 et 2010, met en évidence une poursuite de l’augmentation de l’incidence de ce cancer au cours des années récentes. Cette hausse, plus modérée que celle observée dans les années 1990, est décrite pour toutes les classes d’âge, excepté pour les femmes âgées de 60 ans. L’analyse des tendances par âge soulève également pour le cancer du col de l’utérus et le cancer de l’anus chez les femmes l’hypothèse d’une augmentation récente des cancers imputables à l’infection persistante par le papillomavirus humain (HPV).

Cette actualisation des tendances sur la période 1990‑2018 permet par ailleurs de pointer des évolutions défavorables de l’incidence de plusieurs cancers (mélanome cutané, pancréas, foie, rein) aux modalités étiologiques, thérapeutiques et aux pronostics souvent très différents.

Des efforts de prévention doivent être maintenus et renforcés pour réduire le nombre de cancers aux causes évitables (le tabagisme pour le cancer du poumon, l’infection par le HPV pour le cancer du col de l’utérus et le cancer de l’anus, ou encore les expositions aux ultraviolets naturels ou artificiels pour le mélanome cutané), au même titre que ceux visant à améliorer le diagnostic et les traitements.

Concernant les hémopathies malignes, le fait de distinguer l’incidence selon les principaux types histologiques améliore également considérablement la connaissance de ces maladies et permet non seulement de suivre les tendances de chaque type d’hémopathie maligne dans le temps mais également de générer des hypothèses étiologiques ou d’apporter des possibilités de comparaison sur le plan diagnostique et thérapeutique.

Certaines hémopathies malignes ont aujourd’hui une incidence en augmentation dont l’origine ne relèverait ni d’un artéfact d’enregistrement, ni de modifications démographiques. C’est le cas de plusieurs hémopathies lymphoïdes pour lesquelles des travaux récents issus du consortium InterLymph ont montré une hétérogénéité des facteurs de risque selon leur sous‑type histologique sur un fond étiologique commun [28]. En effet, certains sous‑types de lymphomes sont associés à des facteurs de risque en lien avec l’immunité (antécédents de maladies auto‑immunes par exemple) comme le lymphome diffus à grandes cellules B ou le lymphome du MALT (ce qui est concordant avec les résultats obtenus dans le domaine de l’épidémiologie du VIH/sida ou des greffes d’organes) alors que d’autres ont peu d’associations avec des facteurs de risque connus mais ont davantage une origine génétique comme le démontrent les résultats des études d’associations pangénomiques récentes sur la leucémie lymphoïde chronique ou le lymphome folliculaire. L’existence de facteurs de risque d’origine environnementale et professionnelle est également avérée. Ces éléments montrent qu’il reste une large place pour la recherche étiologique sur ces maladies et les interactions entre facteurs environnementaux et génétiques.

Compte tenu du nouveau découpage des hémopathies malignes réalisé pour cette publication de l’incidence, les données de mortalité correspondantes ne sont pas disponibles. Pour autant, une publication récente de la survie nette en France sur la même période et selon la même classification des hémopathies malignes est disponible et une nouvelle parution est prévue pour 2020.

France : Renforcement des mesures de réduction des risques liés à l’exposition in utero aux antiépileptiques

L’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) publie l’avis du comité d’experts (CSST) sur le renforcement des mesures de réduction des risques liés à l’exposition aux antiépileptiques au cours de la grossesse

Considérant le rapport de l’ANSM, les auditions des parties prenantes et le retour d’expérience sur le valproate, le CSST formule les recommandations détaillées ci-dessous afin de renforcer les mesures de réduction des risques malformatifs et neuro-développementaux suite à l’exposition in utero aux antiépileptiques autres que le valproate. Ces recommandations ont été établies après analyse des médicaments antiépileptiques selon les groupes de risque définis dans le rapport de l’ANSM.

En préambule, le CSST souligne la nécessité d’avoir une réflexion, lors de la prescription d’un traitement antiépileptique chez une jeune femme de plus de 10 ans, sur la possibilité qu’elle ait un jour un projet de grossesse et d’intégrer le choix de l’antiépileptique dans cette perspective.

1. Mise en place d’un carnet de suivi pour les patientes atteintes d’épilepsie à partir de l’âge de 10 ans

Le CSST recommande de mettre en place un carnet de suivi pour toutes les patientes atteintes d’épilepsie à partir de l’âge de 10 ans.

Ce carnet sera notamment destiné :

  • à informer systématiquement les patientes de la façon la plus claire possible sur les niveaux de risques malformatifs et neuro-développementaux des différents antiépileptiques. Il comportera également des informations scientifiques utiles pour les professionnels de santé ;
  • à documenter le suivi de la patiente (consultations, notamment pré-conceptionnelles, traitements, calendrier des crises, contraception, résultats d’examens…).
2. Mise en place de mesures spécifiques aux antiépileptiques à risque malformatif augmenté avéré

Pour les antiépileptiques dont l’augmentation du risque malformatif est avérée (carbamazépine, (fos)phénytoïne, topiramate, phénobarbital et primidone) sans relation dose-effet établie à ce jour et qui présentent par ailleurs un risque non exclu de troubles neuro-développementaux, le CSST recommande, chez les patientes atteintes d’épilepsie à partir de l’âge de 10 ans :

  • de mettre en place une consultation annuelle obligatoire par un spécialiste de l’épilepsie (neurologue, neuro-pédiatre ou pédiatre), afin de s’assurer régulièrement que le recours à ces médicaments est toujours nécessaire ;
  • de renforcer l’information des patientes sur ces risques au travers d’un document d’information signé par la patiente (ou son représentant légal) et le spécialiste de l’épilepsie ;
  • de conditionner la délivrance de ces médicaments à la mention sur l’ordonnance de la date de signature de ce document d’information.

Pour les médicaments antiépileptiques qui peuvent être prescrits dans d’autres indications (carbamazépine, phénytoïne, topiramate), cette mention devra également apparaitre sur l’ordonnance et conditionnera la délivrance.

Le CSST recommande par ailleurs de prévoir des dispositions permettant :

  • la délivrance de la quantité minimale de traitement antiépileptique si l’ordonnance ne mentionne pas la signature du document d’information, afin de ne pas exposer les patientes aux risques liés à une interruption de traitement ;
  • de s’affranchir de la signature du document d’information par les patientes lorsqu’il existe des raisons indiquant qu’il n’y a aucun risque de grossesse. Seul le médecin signe alors ce document en précisant les raisons pour lesquelles la patiente ne le signe pas et mentionne sur l’ordonnance « document d’information non requis ».
3. Concernant les antiépileptiques à risque malformatif potentiel ou pour lesquels la fréquence globale de malformation ne semble pas augmentée

Pour ces médicaments, en l’état actuel des connaissances, le CSST recommande :

  • d’avoir recours au carnet patient préconisé ;
  • que l’avis d’un spécialiste de l’épilepsie soit recherché pour tout projet de grossesse chez une patiente épileptique traitée par plusieurs médicaments antiépileptiques (polythérapie),
4. Adaptation des pictogrammes sur les boites

Les pictogrammes concernant la grossesse figurant sur les boites d’antiépileptiques devront être adaptés et harmonisés au niveau de risque détaillé dans le rapport de l’ANSM.

5. Mise en place d’un registre national de surveillance des grossesses sous antiépileptiques

Ce registre a pour objectif de surveiller les effets tératogènes et foetotoxiques des médicaments antiépileptiques. Dans cette perspective, il devra intégrer a minima les mêmes données que celles du registre européen EURAP auquel il devra être lié. Il devra par ailleurs permettre également de colliger des informations sur le suivi, à plus long terme, des enfants exposés in utero aux anti-épileptiques afin de poursuivre les investigations notamment sur les troubles neurodéveloppementaux.
Les sociétés savantes devront pouvoir accéder à ces données

6. Poursuite du suivi renforcé de l’ANSM

L’ANSM devra mettre à jour régulièrement son rapport ainsi que l’information sur ces risques et adapter, si nécessaire, les mesures de réduction des risques selon l’évolution des connaissances.

La mise en place de ces mesures devra être accompagnée d’actions de communication afin d’informer les patientes et les professionnels de santé sur les risques des médicaments antiépileptiques pendant la grossesse mais également sur l’importance d’une épilepsie bien équilibrée.

Moins la science est productrice, plus elle sert de vitrine et de prétexte

Expertise de l’échec

Publié par Luc Perino, médecin généraliste, humeur du 30/06/2019

Un historien téméraire qui voudrait résumer l’histoire de la science médicale en un seul tableau ferait deux colonnes : celle des victoires à gauche (arbitrairement) et celle des échecs à droite (avec le même arbitraire). (On peut intervertir les colonnes pour ceux qui ont une susceptibilité politique paranoïaque).

Ce compendium ne concernerait évidemment que la santé publique, car si les cas individuels sont une inépuisable source de romans médicaux, ils ont peu d’intérêt pour l’histoire de l’épidémiologie.

Les critères du choix ne devraient pas être mièvres ou ambigus, sinon, cette audacieuse dichotomie perdrait de sa pertinence. Il faudrait s’en tenir à un seul critère, brutal, grossier, incontestable : celui de la persistance ou de la disparition de la maladie dans le paysage.

On mettrait en vrac dans la colonne de gauche les maladies qui ont disparu ou dont on ne meurt plus :

  • peste,
  • pied-bot,
  • placenta prævia,
  • scorbut,
  • crétinisme hypothyroïdien,
  • rhumatisme articulaire aigu,
  • ergotisme,
  • choléra,
  • rachitisme,
  • etc.

Et dans le vrac de droite, celles qui tuent ou qui sont toujours là :

  • cancers du sein,
  • du pancréas
  • ou du poumon,
  • AVC et autres infarctus,
  • addictions,
  • Alzheimer,
  • autisme,
  • schizophrénie,
  • sciatique,
  • dépression,
  • herpès récurrent,
  • obésité,
  • migraine,
  • etc.

Notre historien en conclurait que la médecine s’est révélée incompétente pour toutes les pathologies de la colonne de droite. Voilà qui ne ferait certainement pas plaisir aux experts en charge de ces pathologies, d’autant moins qu’ils ont pris l’habitude d’être « starifiés » par les médias, par les centres de recherche et leurs pourvoyeurs de fonds.

Certes, ces « stars » ont raison de persévérer dans ces domaines où l’on reste ignorant. Le moindre petit frémissement de progrès dans ces monceaux d’incompétence est perçu comme un exploit sans précédent. Néanmoins, sans trop blâmer cette persévérance et cet optimisme, il faut lucidement constater que le domaine médical a ceci de particulier qu’il est le seul où l’échec permanent constitue un label de sérieux et d’expertise. Mieux encore, ces échecs irréductibles sont ceux où le marché prospère de façon éhontée, où les prix sont les plus indécents, où les ministères affichent les programmes les plus irréalistes et où les patients sont les plus captifs.
On peut aller jusqu’à mettre en équations les rapports entre l’intensité de l’échec et le nombre de plans ministériels, de propositions thérapeutiques, le montant des budgets et le temps médiatique. Bref, moins la science est productrice, plus elle sert de vitrine et de prétexte. Les échecs de la médecine sont le terreau de la collusion entre le marché dérégulé et les autorités régulatrices.

Notre historien téméraire, perplexe devant son tableau à deux colonnes, proposerait sans doute de réguler les régulateurs et de secouer les observateurs pour tenter de redonner un sens à l’histoire des sciences biomédicales. Mais un historien ne fait pas l’Histoire, il la constate et tente de la démystifier.

En Savoir Plus

Les laboratoires pharmaceutiques font-ils la course au profit, au mépris de la santé des citoyens ?

Les labos sont-ils aux mains de “Big Pharma” ?

Questions à Boris Hauray, chargé de recherche Inserm à l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux, juin 2019.

  • Les laboratoires sont-ils aux mains du Big Pharma ?
  • Est-ce qu’il existe une entente secrète entre les laboratoires ?
  • D’où vient cette idée de la toute-puissance de cette industrie ?
  • Entre professionnels de santé et industrie, y a-t-il forcément conflits d’intérêts ?
  • Le monde médical est-il plus transparent aujourd’hui ?
  • L’industrie cache-t-elle des remèdes pour vendre de nouveaux traitements ?
  • Cette industrie fait-elle du lobbying contre les médecins douces ?

https://twitter.com/franceculture/status/1141224088716943360/

Référence : questions au cœur des Idées Claires, programme hebdomadaire produit par France Culture et Franceinfo destiné à lutter contre les désordres de l’information, des fake news aux idées reçues.